Pierre Frick – 5 Octobre 2001

Pensée, réaction, ou prolongement imaginaire…voici ce que m’ont inspiré les travaux de Gil ANGELO GAZZOLI:

….encore y songeant à ces tableaux, à la délicatesse comme masque diaphane pour des profondeurs obscures ; espaces insignifiants surchargés de points et de touches colorés sur fond de papiers collés ; et parfois une lumière étrange dans un renfoncement du papier, un tracé mauve et noir de dentelle, de la chair peut-être.

Il n’y a pas d’innocence et le chemin dans la chair tracé par ce travail est le reflet au miroir des principes qui ont réglé quelques millénaires de vie humaine plurielle et partagée. Le carcan est gaine où la dentelle se veut ébauche du mot cependant – innocence – comme la camisole sera dite de force parce que représentation d’un diktat du collectif. Et finalement le paradoxe qui comme toujours n’est que singularité ou réfutation des évidences est que offerte par l’un à l’autre qui aspire à la constater dans ses membres et son ventre la marche dans le corps de la sensation inédite – et violente peut-être – est simplement une représentation et en de rares circonstances une sublimation du conformisme social – guépière_dentelle_camisole.

Ceci expliquerait et le triomphe des iconoclastes qui obtinrent l’enfermement du marquis célèbre et la contemporaine banalisation de l’imagerie qu’après trois siècles de pratique secrète du fantasme par leurs prédécesseurs les producteurs d’image du tournant du siècle exposent complaisamment – ce dernier mot ici considéré dans son acceptation commerciale : les cycles de l’histoire d’une société quelconque font un mode de représentation efficient de celle-ci, qui propose une succession d’époques puritaines et décadentes ; oppositions qu’on serait tenté de réduire à une tolérance variable concernant la publication d’icônes – la société en question ayant accessoirement cédé à la tentation de sa propre déification.

Et la véritable révolution serait le triomphe de l’innocence ; mais outre qu’elle n’existe pas – et peu importe que ce soit du fait de la nature ou de la société dans la mesure où leur opposition ne serait pas totalement dépourvue de valeur (ne serait ce qu’à la suite des interprétations qu’opposition de sexes et sexualité proposent de la question)  – il apparaît au travers des souvenir des siècles qu’elle n’aura pas intéressé grand monde.

La couleur, les traits et la matière – couches et teintes, additions de formes résurgences par traces de matérialité reconnues – conduisent dans l’instant à ces sensations troubles parce qu’entassements de fragments d’opacité partielle : on les saisit toutes ; dans son entièreté aucune ; aucune dans une intégrité préservée ; toutes si elles ne sont précisément descriptibles sont dénombrables et on sait de quelle famille elles ressortent.

Si le mauve domine c’est le mauve qui exprime la famille nouvelle inventée ici de cette intégralité fondée. Si le vert d’eau au marais s’impose on patauge, on s’enlise ; si les marrons dans la terre mère et amante…

5 octobre 2001 – Pierre FRICK

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

  ×  nine  =  fifty four